« Change ma vie »
C’est le nom d’un podcast de coaching auquel Estelle Dufetel, elle-même coach et fondatrice de Bboosstt, nous recommande de jeter une oreille. C’est aussi un bon résumé en 3 mots de ce qui t’arrive quand tu deviens parent.
D’ailleurs, Estelle en est convaincue : la parentalité est le moment idéal pour faire appel aux méthodes du « coaching de vie ». « Coaching de survie » plutôt ? Tout est chamboulé, on ne sait plus où donner de la tête (ou des bras, ou de la poitrine) et ce n’est pas près de se calmer.
Alors si quelques techniques de développement personnel peuvent aider, ça serait dommage de s’en priver. Estelle nous a donc dévoilé 4 outils de coach pour mieux gérer ton temps, si précieux maintenant que tu es parent.
1. L’aigle et la tortue
Avant d’en venir à la métaphore animalière, nous allons tester ta fréquence synaptique avec un petit exercice. Prends un papier, un stylo et un chronomètre (Si tu lis ceci sur ton smartphone, tu peux faire l’exercice dans ta tête, mais pas de triche !).
Tu as 1 minute pour compléter le plus possible des instructions qui suivent. Prêt ? Partez.
- Lis toutes les instructions avant de commencer
- Note le prénom d’un.e ami.e qui aime bien le développement personnel
- Rédige un court message que tu pourrais lui envoyer
- Note le prénom de ton enfant le plus jeune (ou ton prénom si tu n’as pas d’enfant)
- Trouve un animal qui rime avec ce prénom
- Trouve une ville française qui rime avec ce prénom
- Additionne le nombre de lettres de l’animal et de la ville
- Multiplie le résultat par 4
- Si tu penses avoir bien suivi les instructions jusque-là, prononce tout haut « j’en suis déjà au numéro 9«
- Prononce, un peu plus fort, « je suis tellement rapide, tu peux pas test«
- Respire profondément
- Note un prénom que tu aimes bien qui n’est pas un prénom de tes enfants
- Note 3 adjectifs que ce prénom t’évoque
- S’il te reste du temps répète l’instruction 10.
- Maintenant que tu as fini de lire attentivement les instructions, complète seulement l’instruction numéro 2 (et n’hésite pas à envoyer cet article à l’ami.e en question).
Ben oui. La « fréquence synaptique », ça n’existe même pas. Le but de ce questionnaire piège (que tu sois tombé dedans ou non), est de prendre conscience de la différence entre le point de vue de la tortue, qui a le nez collé au trottoir, et celui de l’aigle, qui plane majestueusement au-dessus des problèmes.

Alors, bien sûr, on voudrait tous être aigle à 100%. Nettement plus chic que d’être tortue. Mais le fonctionnement universel de notre cerveau fait que nous sommes (quasiment) tous à la fois tortue et aigle. On est capable de prendre du recul, mais on a aussi besoin pour être un humain fonctionnel de réagir aux événements quotidiens au fur et à mesure qu’ils se présentent.
Le truc c’est qu’en devenant parent, on démultiplie la quantité et l’intensité des événements quotidiens auxquels on est confronté. Ce qui, si l’on n’y prend pas garde et la fatigue aidant, peut nous enfermer dans le mode tortue. Au détriment souvent de l’efficacité à court terme, et sans définir (ni poursuivre, forcément) ses vrais objectifs à long terme.
Alors pense à réveiller l’aigle qui est en toi. Interroge-toi sur ce que qui compte vraiment, sur ce que tu peux mettre en place pour gagner du temps. Cela aidera ta tortue à faire de meilleurs arbitrages au jour le jour.
2. Mieux prioriser avec Eisenhower et Pareto
Dwight D. Eisenhower
Le 34e président des USA, aurait un jour déclaré : « Ce qui est important est rarement urgent et ce qui est urgent rarement important ». Cette citation a inspiré la matrice éponyme, qui permet de classer ce que l’on a à faire dans 4 cadrans, selon le degré d’urgence et d’importance de chaque tâche.

On en a déjà parlé, quand on devient parent, le rapport « ce que j’ai à faire » sur « le temps que j’ai pour le faire » tend vers « ça dépend, ça dépasse ». Du coup, une bonne manière d’appliquer la matrice ci-dessus est de trouver un maximum de choses à faire « pas urgentes, pas importantes », et de les reporter sine die.
L’urgence et l’importance de chaque chose dépend du ressenti de chacun, mais on se permet de suggérer ces quelques exemples de trucs à laisser tomber :
- Nettoyer la housse du canapé. À quoi bon ? demain il y aura de nouveau du chocolat, du feutre, de la morve, voire pire encore. Tu n’as qu’à mettre un plaid dessus. On achètera un nouveau canapé quand ils auront 18 ans.
- Trier les Legos et les Playmobils. Dis-toi que combiner différents univers de jeu éveille la créativité de tes enfants. Et puis c’est tellement plus facile de tout mettre dans un gros sac à l’heure de ranger. On triera quand il faudra faire de la place.
La loi de Pareto, ou le principe de 80-20
Dans de nombreux domaines (économiques, physiques, techniques, etc.) on constate qu’une minorité des efforts (20%) provoque une majorité des résultats (80%). Et ça s’applique à la vie de parent.

Dans les faits, cela veut dire qu’il y a des moments où se jouent une bonne partie de ton confort futur, et sur lesquels cela vaut la peine de bien se concentrer.
Exemples (à titre indicatif) : le recrutement d’une nounou, les moments de qualité avec tes enfants, la rédaction de votre testament, la petite promenade au grand air qui va détendre tes enfants pour tout le week-end, etc.
3. Mieux planifier avec Parkinson et Murphy
Le bon planning avec Parkinson
L’historien Cyril Northcote Parkinson (rien à voir avec la maladie du même nom) a déduit de sa grande expérience de l’administration une loi devenue célèbre :

Cela vaut à la fois pour l’aigle et la tortue en toi :
- Au quotidien, prévoir des plages horaires réalistes. Si par exemple tu prévois d’exécuter le combo bain/dîner/pipi/lavé les dents/couché en 45 minutes, ça va stresser tout le monde. Compte 1h30, ou délègue le bain/dîner à la nounou, et tu passeras sans doute un meilleur moment (ainsi que ton enfant).
- Pour l’organisation à long terme, fixe toi des deadlines avant la date limite. On peut par exemple passer des semaines à découvrir des hôtels chouettes sur internet pour booker les vacances. Mais tu as probablement aussi d’autres choses à faire. En prévoyant 2 heures pour faire une pré-sélection et une date butoir de prise de décision, tu gagneras du temps.
Prêt à tout pour Murphy
L’ingénieur aérospatial américain Edward A. Murphy Jr (rien à voir avec « C’est pas moi, c’est Murphy » ?) a inventé la loi qui porte son nom comme un principe de conception technique :
« Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal »
Cette loi se vérifie de multiples façons dans la vie d’un parent. De « C’est au moment où tout le monde est prêt à partir que l’enfant aura envie de faire pipi » à « Ce plat sera son préféré jusqu’au soir où tu n’auras rien d’autre à lui proposer« , en passant par « Si tu prends une seule couche de rechange, le bébé fera caca deux fois.«
Moralité : toujours prendre un peu d’avance pour les rendez-vous importants (comme un train) et s’équiper (à la maison et dans ton sac à dos) pour parer à toutes éventualités.
4. Mieux exécuter avec Carlson et Illich
Carlson veut que tu désactives tes notifications
Sune Carlson, un économiste suédois, l’avait confirmé avant même que les notifications de diverses applications envahissent notre quotidien :
« Un travail réalisé en continu prend moins de temps et d’énergie que lorsqu’il est réalisé en plusieurs fois »
Ça vaut pour le travail (cf. la matrice d’Einsehower : éviter de se faire interrompre dans une tâche importante par des tâches urgentes mais peu importantes, comme regarder qui a liké cette photo sur Instagram). Ça vaut pour le temps passé avec tes enfants, qui aura beaucoup plus d’impact éducatif et émotionnel si tu t’autorises à être vraiment à 100% concentré sur eux.
Mais ça vaut aussi pour les enfants eux-mêmes. Leurs petits cerveaux en ébullition aiment aller jusqu’au bout de l’activité qu’ils se sont fixée. Alors, autant que possible, évite de les solliciter pendant qu’ils travaillent (à construire une tour de cube, à observer la poussière voler dans la lumière, etc.). Ou attends-toi à ce qu’ils soient énervés 🤷♂️
Illich t’autorise à faire une pause
Ivan Illich, né en Autriche en 1926, est un grand penseur de la contre-productivité. Sa passion : identifier ces moments où un effort supplémentaire n’améliore plus le résultat recherché, voire le dégrade. Pour l’investissement personnel, il a énoncé cette loi :
« Au-delà d’un certain seuil, l’efficacité humaine décroît, voire devient négative »
« La pause s’impose » et c’est une bonne nouvelle à deux niveaux pour ta vie de parent :
- Déconnecte ton cerveau pro à 100% grâce aux enfants. Organiser ton agenda professionnel pour prendre le temps de t’occuper de tes enfants te permet de t’oxygéner le cerveau, ce qui peut te rendre encore plus productif au travail.
- Ne culpabilise pas de faire une pause parentale de temps en temps. Ton cerveau de parent aussi va fatiguer. Alors, si tu peux t’organiser de temps en temps une escapade de 2 heures, 2 jours, voire 2 semaines sans les enfants, ça ne fera pas de toi un mauvais parent, au contraire !
Estelle Dufetel développe ces conseils et bien d’autres dans son livre « Métro, boulot, petits pots » (qui s’adresse plutôt aux mamans).