En attendant une hypothétique réforme du congé paternité français, qu’est-ce que peut faire le jeune papa français pour s’impliquer à fond dans les premiers mois de son bébé ? Il y a bien l’option du congé parental, mais tout le monde ne peut pas se permettre la perte de revenus associée.
Et si les marques se mettaient à sponsoriser des congés paternités prolongés ?
Dove Men+Care investit 1 million de dollars pour financer des congés paternité
La marque a annoncé en février 2019 le lancement aux États-Unis de son fonds de soutien du congé paternité. Il faut dire que les États-Unis partent de loin, avec moins d’un père américain sur cinq en mesure de bénéficier d’un quelconque congé rémunéré à la naissance de son bébé.
Alors, en partenariat avec Alexis Ohanian, co-fondateur de Reddit, mari de Serena Williams et fier promoteur d’une paternité engagée sur Instagram (où le doudou de sa fille a plus de followers que toi), Dove s’est engagé à distribuer 200 bourses de 5000 dollars à autant de jeunes papas pour leur permettre de prendre leur congé paternité légal (12 semaines non rémunérées) sans trop de stress financier.
Ces bourses seront distribuées pendant 2 ans, au fil de 3 sessions de recrutement.
Pour postuler, il faut satisfaire les critères d’éligibilité suivants :
- Être un résident américain de plus de 18 ans
- Attendre un bébé, avoir un bébé de moins de 8 mois, être en cours d’adoption, ou avoir adopté un enfant depuis moins de 8 mois
- Bénéficier via son employeur de moins de 10 jours de congés rémunérés
- Avoir pris l’engagement moral, quoiqu’il arrive, de prendre ses 12 semaines de congé paternité légal
Le (futur) papa éligible doit répondre à des questions comme « Qu’espérez-vous accomplir pendant votre congé paternité ? », « Qu’est-ce qui définit selon vous un père impliqué ? », ou « Dans quel sens voudriez-vous que les mentalités évoluent à propos de la paternité ? ».
Un jury évalue ensuite les candidatures sur les critères d’originalité/créativité (25%), force de conviction (25%), passion/enthousiasme (25%) et « pertinence pour la marque » (25%). Les candidats les mieux notés accèdent enfin à la phase des entretiens qui détermine les 50 lauréats (pour la première session, puis 25 et 25).

« Pertinence pour la marque »
Dove Men+Care a certes des valeurs à défendre, mais ils ont aussi des crèmes et des savons pour hommes à promouvoir. C’est de bonne guerre.
Les jeunes parents utilisent leur smartphone 1,3 fois plus que la moyenne, et leurs photos de bébés sur les réseaux sociaux obtiennent 1,5 plus de réaction. Il y a des chances pour que les pères bénéficiaires de la bourse Dove pensent à remercier régulièrement, sur Facebook, Twitter ou Instagram, le généreux sponsor de leur congé paternité.
L’histoire ne dit pas si cela leur sera expressément demandé, ou si l’audience sur les réseaux sociaux de tel ou tel candidat pourra influencer la décision finale du jury, mais après tout, pourquoi pas ?
Le marché du « marketing d’influence » (payer des gens « normaux » suivis par plein de gens sur les réseaux sociaux pour faire la promotion, plus ou moins assumée, d’un produit donné) devrait atteindre les 20 milliards de dollars en 2020. Ce serait peut-être une bonne idée pour les marques de consacrer au moins une part de ces investissements « influenceurs » au financement de projets « à impact social », comme deux mois de congé paternité, par exemple.
Plus d’exemples inspirants pour accélérer
Un tel financement privé du congé paternité ne saurait en aucun cas représenter une solution équitable, ni pérenne. Il y a 700 000 naissances par an en France. Il faudrait 7000 fonds comme celui de Dove pour financer autant de congés paternité. Et puis tout le monde n’a pas envie d’exposer sa famille et sa paternité sur les réseaux sociaux.
Mais chaque père impliqué qui fait le choix de dévoiler publiquement un peu de son intimité parentale peut contribuer à lever les derniers freins à l’allongement légal du congé paternité, majoritairement souhaité par les français.
Ils sont déjà quelques-uns sur les réseaux sociaux (comme Mark Zuckerberg, le papa des réseaux sociaux), sur leur blog (comme Tristan Champion, le papa français en congé paternité norvégien qui prépare désormais un bouquin), ou en BD (comme Guy Delisle, l’auteur des « Guides du Mauvais Pères »). Mais il en faut toujours plus.
Si des marques sponsors peuvent contribuer à éveiller ou encourager des vocations d’ambassadeur de la paternité, on dit « c’est parti ».
Qui veut devenir sponsor de congé paternité ?
(Paragraphe à destination des entreprises curieuses d’explorer cette idée)
S’engager sur un tel sujet demande un minimum de réflexion. Il serait probablement souhaitable que la marque sponsor ait déjà mis en place un congé paternité prolongé pour ses propres salariés. Et puis il faudrait valider et énoncer en toute transparence la fameuse « pertinence pour la marque ». Une fois ce travail effectué, il n’y aurait plus qu’à recruter des candidats !
On ne dit pas que vous ne vous en sortiriez pas tout seul, mais Le Paternel est remonté à bloc pour vous aider sur ces sujets. N’hésitez pas à nous contacter 🤷♂️
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Photo (modifiée) : Maria Lindsey