Partir un jour, sans enfant… (mais avec retour)
« On laisse le bébé, et on part en vacances (ou au moins en week-end) entre adultes consentants uniquement ! » L’idée de l’année, ou un traumatisme d’abandon en préparation que vous allez payer pendant des mois de cauchemars, voire des décennies de thérapie ? Qu’on se rassure tout de suite : aucune étude ni aucun expert ne semble alerter d’un risque de choc majeur pour l’enfant en cas de séparation courte, exceptionnelle et planifiée d’avec ses parents.
Par contre, une étude menée sur 2000 parents positionne « la capacité des parents à maintenir une relation harmonieuse », dans le top 3 des pratiques parentales bénéfiques pour les enfants. Il est intéressant de noter que cela n’empêche pas les parents divorcés d’obtenir globalement les mêmes résultats éducatifs que les parents mariés. On peut compenser avec d’autres pratiques. Et rester mariés ne veut pas forcément dire que l’on réussit toujours à « maintenir une relation harmonieuse »…
Quoi de plus nécessaire pour l’harmonie d’un couple que d’avoir la possibilité, une fois de temps en temps, de se retrouver ? De ne pas juste se croiser entre deux tours de garde ? De faire revivre les petits surnoms mignons d’avant « papa » ou « maman » ? C’est bien pour cela que de nombreux experts recommandent aux parents de se planifier des moments sans enfants. Des dîners bien sûr. Mais aussi quelques escapades prolongées. On sait d’ailleurs que les chambres d’hôtel sont propices au renouveau de la sexualité.

Qui veut voyager loin ménage les angoisses de sa progéniture
Cela dit, pour le confort de tous, mieux vaut faire en sorte que votre éloignement temporaire soit vécu le moins douloureusement possible par l’enfant. D’autant que, de 6 mois à 2 ans, et particulièrement aux alentours de 8 mois, le bébé développe l’angoisse de la séparation. Réalisant qu’il est un individu indépendant, pas une excroissance de ses parents, ce petit bonheur se met à flipper qu’on l’oublie quelque part. Et, comme il n’a pas encore intégré la notion de permanence des objets et des êtres, chaque fois qu’il ne voit plus ses parents, il assume qu’ils ont définitivement disparu. Donc, il hurle.
Quelques précautions d’usage permettront de maintenir cette angoisse du bébé sous contrôle :
- Commencer à lui parler de la séparation à venir quelques jours avant le départ. Les bébés détestent les surprises. Et même s’ils ne comprennent pas forcément les mots, ils captent des idées, des intentions. Tu peux leur parler de l’absence à venir comme d’une expérience nouvelle et excitante, et essayer de ne pas leur communiquer l’angoisse que tu ressens forcément un peu aussi.
- Le faire garder par des personnes dont il est familier. Grands-parents, oncle, tante ou nounou, vous choisirez bien sûr quelqu’un en qui vous avez toute confiance. Mais il est préférable que le bébé aussi soit habitué à passer du temps avec ces personnes.
- Si possible, le faire garder chez vous. Chez lui quoi. Là où il a toutes ses petites habitudes. Bien consignées dans le mode d’emploi que vous n’aurez pas manqué de rédiger (cf. ci-dessous).
- Ne pas partir en douce, mais ne pas en faire des caisses non plus. Passer un peu de temps avec (ou chez) les personnes qui vont le garder, en le laissant vaquer à ses occupations. Puis lui dire au revoir simplement, fermement, en lui rappelant que l’absence sera plus longue que d’habitude, mais que vous reviendrez. Se retenir de pleurer. Ne pas tout annuler. Verser une larme dans le taxi si ça soulage. Commencer à kiffer.
Préparer le mode d’emploi de ton bébé
Tu le sais, prendre soin d’un bébé nécessite de l’organisation, du matériel et le respect de rituels savamment orchestrés. Pour passer le relais sans oublier un objet clef, ni submerger la personne à qui tu confies ton enfant sous un flot d’instructions impossible à enregistrer, le mieux est probablement de tout mettre par écrit, et de joindre à ton bébé son « mode d’emploi » imprimé.
L’idée est de décrire par le menu la journée type de ton enfant : ses horaires, ses objets, ses lieux, ses réactions habituelles. De compléter avec une liste des « incidents » typiques et des recommandations pour les gérer. Et de couronner le tout de suggestions d’activités exceptionnelles, parce que ton bébé aussi a le droit de kiffer ses vacances.
Décrire aussi, si vous en avez prévu, les rituels spécifiquement liés à votre absence : visualisation du temps sur une frise, objets ou photos « souvenirs », planning d’appels vidéos, etc.
Pour t’aider à rédiger ce précieux document, Le Paternel t’a même préparé un modèle à télécharger.
« On va passer pour des tarés ? »
Oui. Peut-être un peu. Selon leur degré d’expérience en parentalité, les personnes en charge de garder ton enfant pourront même se sentir vaguement offensées. Explique leur bien que tu n’attends pas d’eux qu’ils reproduisent à la lettre les routines décrites dans le manuel. L’objectif est simplement de les familiariser avec la vie quotidienne de ce bébé, et de leur fournir quelques clefs pour régler plus facilement d’éventuelles crises. Mais tu leur fais évidemment confiance pour gérer, d’autant que vous aurez sûrement omis de mentionner des détails essentiels.
Au-delà de son utilisation directe, l’écriture de ce mode d’emploi est un bon exercice pour se rassurer soi-même et une chouette expérience à partager en couple. C’est aussi la création d’un joli souvenir. Vous pourrez l’ouvrir dans quelques années et dire : « on était quand même tarés ».