Les hommes ne portent pas de bébé dans leur ventre. Ils n’accouchent pas. Ils n’allaitent pas (encore ?). On ne peut compter que sur les femmes pour ces missions. En revanche, toutes les autres tâches parentales peuvent être assumées sans discrimination par un homme ou une femme. On sait pourtant que l’arrivée d’un enfant transforme les habitudes domestiques et professionnelles des couples de parents au détriment, majoritairement, de la mère. Elle reçoit une plus grosse part de tâches parentales et ménagères, et fait de plus grands sacrifices professionnels qui entraînent des inégalités salariales à long terme.
Des actions sont mises en place côté entreprises pour donner plus de place aux femmes. Mais, pour que ces initiatives soient efficaces, il faudrait parallèlement créer les conditions d’une réelle implication des hommes dans leur famille. La nouvelle génération de pères est prête. 54% des 18-30 ans souhaiteraient prendre un congé parental prolongé. Ils sont freinés par la perte de rémunération et la peur d’être mis sur la touche par leurs collègues.
En demandant à l’IGAS d’étudier un allongement du congé paternité et de questionner son caractère obligatoire, Edouard Philippe et Marlène Schiappa ont posé des questions pertinentes, mais étriquées. Il faut reconsidérer l’ensemble des congés liés à l’accueil d’un enfant, et les réformer avec deux objectifs : garantir la santé de la mère et de l’enfant, et promouvoir l’égalité de chances et de droits des parents, quelle que soit leur situation familiale. Voici notre proposition.
Le congé prénatal : réserve médicale protégée
Le corps médical considère qu’il est préférable pour la santé de la femme enceinte et du bébé d’arrêter le travail quelques semaines avant la date présumée de l’accouchement. Cela justifie les modalités actuelles du congé prénatal de la femme, rémunéré par la Sécurité Sociale, qu’il convient de préserver : 6 semaines avant la date du terme que la mère peut, sur avis médical favorable, réduire jusqu’à 3 semaines, en reportant les semaines “gagnées” sur son congé post-naissance.
On ne voit pas de raison urgente de prévoir un congé pour le futur père ou l’autre parent avant la naissance de l’enfant.
Le congé de naissance : aucune mère seule chez elle
Il est démontré que laisser la mère seule chez elle pendant les semaines qui suivent son accouchement augmente les risques de mortalité infantile et de dépression post-partum. À ce titre, permettre la présence à la maison du père, ou de l’autre parent, pour aider la mère à accueillir son enfant et à se remettre de son accouchement est un enjeu de santé publique.
Tous les accouchements ne sont pas égaux. Certaines situations médicales demandent plus de temps de rétablissement, pour la mère ou pour l’enfant. Nous recommandons de créer le « congé de naissance » pour la mère d’une durée standard de 2 semaines, prolongeable sur avis médical, pour prendre en compte les cas plus compliqués.
En parallèle de ce congé de naissance de la mère serait mis en place le « congé de naissance obligatoire du père« , d’une durée égale à celui de la mère. Donc 2 semaines (ou plus si complication) de congé immédiatement après la naissance, rémunérés pour 3 jours par l’entreprise, et pour le reste par la Sécurité Sociale.
Mais il n’y a pas toujours de père. Pour permettre qu’aucune femme ne soit seule chez elle après son accouchement, il faut aussi créer le « congé de naissance aidant« , attribué en l’absence de père à une personne choisie par la mère, d’une durée et rémunération égales au congé de naissance du père.
Le congé parental d’accueil : l’alternance vers plus d’égalité
Une fois ces premières semaines cruciales passées, s’organise la vie dans le foyer. Il ne serait pas pertinent de remettre en question la durée de congé rémunéré accordé aux mères. On prévoit 8 semaines d’un nouveau « congé parental d’accueil » rémunéré pour la mère. Soit un total, avec les 6 semaines de congé prénatal et les 2 semaines (ou plus si complication) de congé de naissance, de 16 semaines, comme l’actuel congé maternité.
Les 3 jours de congé de naissance et 11 jours de congé paternité actuellement prévus pour les pères, nous les avons transformés en 2 semaines de congé de naissance obligatoire du père.
Faut-il mettre en place un congé rémunéré supplémentaire pour les pères ? Dans quel but et quelles conditions ?
L’égalité réelle entre les mère et les pères, dans la famille comme dans l’entreprise, ne peut exister qu’à deux conditions : les pères doivent être en mesure, sans sacrifice financier, de consacrer à l’accueil de leur enfant un temps éloigné de l’entreprise quasi égal à celui des mères ; ils doivent aussi être mis en situation de responsabilité principale dans leur foyer, pour ne pas rester « assistants » de la maman chargée mentalement.
Nous proposons donc d’instaurer le congé parental d’accueil de 8 semaines pour le père, rémunéré par la Sécurité Sociale, ne pouvant être posé que quand la mère a repris le travail.
Par ce long congé rémunéré, levons le frein financier des pères qui envisagent le congé parental. L’entreprise sera bien forcée de changer son regard sur le « risque » de parentalité quand il concernera de manière de plus en plus égale les hommes et les femmes.
Par l’alternance obligatoire qui fera passer au pères de nombreuses journées seul en charge du foyer, osons confier aux hommes, au moins pour 2 mois, les clefs de la boutique famille. Cela leur ouvrira les yeux à long terme sur les tâches ménagères et d’éducation.
Le coût de ce congé sera de plus largement compensé par le fait que les 2 mois de congé du père décalent d’autant l’entrée de l’enfant dans le système de garde collective, largement subventionné par l’état.
Le congé parental d’éducation : le même, mieux expliqué
Le congé parental d’éducation actuel permet aux parents de suspendre leur carrière pour un temps long, sans rémunération mais avec la garantie de retrouver leur emploi à leur retour. C’est un bon dispositif, mais les salariés, surtout les hommes, n’en sont pas toujours bien informés.
La mise en place d’une telle réforme des congés de parentalité est ainsi l’occasion d’une prise de conscience collective. Penser aux parents, c’est penser en parent. C’est se souvenir que la boussole de toutes nos décisions doit être la génération qui vient, celle de nos enfants. Les défis de notre temps ont terriblement besoin de ce nouvel horizon.
Cette tribune est le fruit de discussions approfondies entre deux jeunes pères qui ont expérimenté l’importance d’un congé paternité prolongé. Patrice Bonfy, co-fondateur du Paternel, a constaté l’impact domestique de 2 mois de congé paternité. Tristan Champion, créateur du blog Barbe à Papa, fait en plus l’expérience en Norvège de l’impact du congé paternité prolongé généralisé sur la société.
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Déjà plus de 400 signataires : Clara Delétraz, Co-fondatrice de Switch collective – Maxime Ruszniewski, Militant pour l’égalité entre les femmes et les hommes – Christophe Cholot, Co-fondateur du Paternel – Rosalie Noël , en recherche d’emploi – Estelle Chandeze, Marketing – Cyrus Farhangi, Consultant – Kee-Yoon Kim, artiste – Gwenn, Free-lance – Eloïse Monnet, Chef de Marques – Edward Geistodt Kiener, Chef de projet – Pauline, Maman, consultante en communication – Marion de Bonneville, Investisseur – Laetitia Charmes, Chef de projet RH – Pascale, Retraitée – Alain Milcent, Chef de projet – Baudouin de Pontcharra, Chef d’entreprise / Président d’association – Xuân Huy LÊ, Consultant – Anne Sophie, Fondatrice de Pixy – Julia Charrié, Entrepreneure – Antoine Flutet, Juriste salarié – Anaïs Rousselet, Cadre dans le privé – Camille, Directeur artistique digital – Lorraine, Hôtelière – Pauline Potier, Fonctionnaire – Celine Heller, Femme qui travaille avec 3 enfants et un mari, engagée de longue date pour la mise en place d’un congé paternité – Magali, En reconversion professionnelle dans l’ESS – Eric Halgand, Marketing Manager – Léa martel, Free-lance – Pierre goud, Chef de chantier – Jeanne, Cadre dans une entreprise majoritairement féminine – Léa Chauliac, Directrice financière – Caroline Henimann, Commerciale – Caroline, Cadre marketing – Charline, Ingénieur commerciale – Martial Valery, Co-fondateur Oh BiBi – Matthieu Chereau, Entrepreneur et auteur – Arnaud Montet, Cadre en entreprise – Julie Sauvêtre, citoyenne – Cédric Delannoy, intermittent – Johan veyrat, Directeur artistique digital – Delphine Levêque, Directrice Marketing et Inter chez CSP The art of Training – Claire gerbier, Consultante marketing digitale – Anne-Claire d’Izarny-Gargas, Entrepreneur – Alice Remise, Maman de trois enfants travaillant à temps plein – Mounia Rkha, VC – Carole Bruyere, Designer – Guillaume Wolf, Product Owner chez Daxium – Benoit Ndjandjo, Responsable commercial – Sandra 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