La parentalité, c’est comme le ski : chacun son style

« Vous savez ce qui va pas, monsieur Dusse ? C’est le planté du bâton. »

C’est quoi, toi, ton style de parentalité ?

– Pardon ?
– Ta façon d’interagir avec tes enfants quoi, de te vivre comme parent. Tes références comportementales, tes principes d’éducation, tu vois.
– Euh… 
(Je ne vois pas du tout non.)

Si la notion même de « style de parentalité » t’échappe, pas de panique. On en a chacun un, même sans le savoir. Faisons donc l’exercice ensemble.

Commençons par poser l’équation suivante :

Chaque personne est différente = chaque parent est différent = chaque enfant est différent = à chacun son style de parentalité. On est bien avancés, tu me diras. Eh bien oui ! On tient là un principe de base.

L’autre principe de départ, c’est qu’il existe une typologie de la parentalité. Comme sur tous les sujets possibles et imaginables, il y a des gens qui ont observé des tonnes de parents pour définir les boîtes dans lesquelles ranger ta façon d’agir avec les enfants. En l’occurrence, c’est à Diana Baumrind, une psy américaine, que nous devons la typologie qui suit. Alors certes, certaines de ses études, notamment sur l’impact des châtiments corporels, semblent aujourd’hui datées. Mais elle a eu le mérite de mettre des mots sur le comportement des parents, nous permettant d’y voir un peu plus clair dans ce fabuleux tunnel de la parentalité.

Les tiroirs à parent de Diana Kondo

Diana classe les parents selon 2 axes de comportement éducatif : le rapports aux règles (permissif à strict) et l’importance accordée aux sentiments de l’enfant (attentif à insensible).

Les styles de parentalité de Diana
Certaines situations extrêmes peuvent nous faire changer de cadran

Tu te situes ?

A. Oui, je suis totalement directif.
B. Euh…
C. C’est débile de mettre les gens dans des cases. On n’est pas des chaussettes.

Bien sûr, la parentalité, au quotidien, c’est gérer chaque situation en fonction de son caractère (du parent et/ou de l’enfant), son degré de patience (idem), son état de fatigue (re), son stade de la digestion (…), etc. Crier, pas crier ? Menacer ou pas menacer ? Quand, comment, pourquoi ? Revenons-en au ski pour plus de clarté. Si les parents de Louise ou d’Ethan maîtrisent parfaitement la godille, c’est leur affaire. Tu es plus chasse-neige ou vin chaud dans un transat (mais pas que) ? Assume ton style !

Allez, on plie les genoux et on place ses skis bien parallèles sans faire pipi dans son fuseau. C’est parti pour un slalom entre les grands styles de parentalité.

1. Celui qui décroche la flèche d’or du premier coup : le style directif

C’est le style du premier de la classe. Pour y parvenir, on donne des limites à l’enfant tout en permettant sa créativité. On skie sur piste tout en s’offrant des sessions de hors-piste maîtrisées. On dit : « ma/mon chéri.e, tu as une heure pour construire ton igloo, ensuite c’est l’heure du bain. C’est logique car tu auras froid, puis il restera une heure pour dîner et lire une histoire, tu comprends ? » C’est le blond de Gad Elmaleh. Les grands principes de ce style ? Encourager les enfants à penser par eux-mêmes et comprendre le pourquoi des règles imposées. Ah ben oui, si c’était facile, tout le monde serait directif.

2. Celui qui ne skie qu’en godille même si c’est moins marrant : le style autoritaire

C’est le style du « c’est comme ça et pas autrement ». Les enfants doivent obéir à leurs parents, un point c’est tout et pas de questions. Sinon, privé.e d’igloo pour le reste des vacances. Apparemment, ces enfants ont tendance à développer des comportements agressifs ou anxieux. Bizarre…

3. Celui qui voue un culte sans borne au freestyle : le style indulgent

C’est le style qui tend à mélanger coolitude et éducation, bienveillance et n’importe quoi. Celui qui poussent certains parents à la situation suivante : « J’ai envie que mon enfant profite de ses vacances pour s’amuser, donc je l’ai laissé.e sur le champ de bosses avec ses copain.e.s comme il/elle me l’a demandé. Ils ont déjà cinq ans tout de même. » Fera-t-il ses devoirs, acceptera-t-il facilement de débarrasser le table plus tard ou se cassera-il le bras en trois minutes sur la piste ? Le pari est lancé.

4. Celui qui s’en fout de tout et se cale direct sur la terrasse du resto d’altitude : le style désengagé

C’est le style qui attache plus d’importance à la qualité du vin chaud qu’au bien-être et à l’éducation de son enfant. Plus que ça, qui n’attache aucune importance au ressenti des enfants. D’ailleurs, qui dit que les enfants, comme les animaux, ressentent vraiment quelque chose ? Autrefois, les pères attendaient que leurs enfants soient au moins adolescents pour leur prêter de l’importance. « Les anciens savaient ce qu’ils faisaient » comme disent les partisans de la godille ski serré.

5. Celui qui pioche dans tous les styles et ose même les patinettes : le style opportuniste

Ah enfin ! Le style opportuniste, c’est un peu notre style à tous. Le style de celui qui veut bien faire mais qui reste humain, parfois fatigué, jamais parfait. Qui pioche dans l’un ou l’autre style ci-dessus en fonction des occasions tout en visant la flèche d’or.

« Quel est le principal défaut de Bernard ? » « Il est égoïste ! »

Et pour les autres… Ceux qui redoutent la plaque de verglas ou la faute de carre, rappelez-vous : en ski comme en parentalité, la perfection n’existe pas. Même si vous trouverez toujours un.e mono pour vous dire le contraire en vous envoyant son dérapage contrôlé dans la figure. Tout schuss les gars !

Photo : Les bronzés font du ski