« T’as pris rendez-vous chez le pédiatre ? »

Pour les pères, et pour les mères, l’institution médicale peut être un peu intimidante. Prenons 5 minutes pour faire le point sur ce qu’il y a à savoir pour réussir les examens médicaux de tes enfants.

Charge mentale médicale ?

Le compte Twitter ChargeMentale Pédiatrie a récemment défrayé la chronique en dénonçant, par une série d’anecdotes et de dialogues garanties « non romancées », la maladresse des pères en milieu hospitalier. De « je n’ai pas le carnet de santé, sa mère ne me l’avait pas préparé » à « je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je regardais le foot », le portrait est sévère. Mais juste ?

Difficile de trouver une statistique nationale sur la fréquentation comparée des cabinets de pédiatrie par les pères, les mères ou les deux*. L’ostéopathe d’un membre du groupe Facebook Le Paternel dénombre 17% d’accompagnants pères dans ses consultations impliquant des enfants. Au regard de témoignages divers et des autres statistiques concernant la nouvelle génération de parents, on peut sans trop de risque faire l’hypothèse suivante : les pères qui gèrent le quotidien médical de leurs enfants sont encore minoritaires, mais leur nombre et leur motivation sont en constante progression.

Faut-il pour autant excuser les errances de certains pères pédiatriquement paumés ? Probablement pas. Mais est-ce que renforcer par une volée de tweets le stéréotype du père incompétent favorise l’évolution des mentalités et des comportements ? On peut en douter. Heureusement, quoique trop rarement, ChargeMentale Pédiatrie s’attaque aussi aux sources du problème :

Culture sexiste en milieu médical
Congé trop court, père un peu balourd

En attendant que tout cela change, voici quelques bases pour t’aider à prendre en charge le suivi médical de tes enfants sans risque de te faire vilipender sur Twitter.

1. Tout savoir sur les rendez-vous à prévoir

Un bébé ne va pas chez le médecin seulement quand il est malade**. Pendant ses premières années, il a un agenda de rendez-vous obligatoires et recommandés digne d’un ministre hypocondriaque.

1.1 Les rendez-vous obligatoires

En France, pour une meilleure prévention de diverses pathologies, 20 visites de contrôle obligatoires (et remboursées à 100% par la Sécurité Sociale) sont à programmer dans les 6 premières années de l’enfant. Et si on ne les fait pas ces visites « obligatoires », qu’est-ce qu’il va se passer ? Aucune sanction directe ne semble prévue. Mais on parle de prévention de risques médicaux d’un enfant. Personne n’aimerait, en cas de vilain pépin de santé de son bébé, devoir en plus assumer, face à son miroir et face à la loi, de n’avoir pas forcément tout bien géré pour l’éviter. Voici donc les dates à bien noter dans ton agenda :

  • 2 examens à la maternité, à la naissance et avant de rentrer à la maison (ceux-là, a priori, compliqué de les oublier)
  • 6 examens mensuels, de 1 à 6 mois
  • 1 examen vers 9-10 mois
  • 1 examen à 1 an
  • 10 examens semestriels jusqu’à 6 ans. Tous les 6 mois à partir de 1 an quoi.

1.2 Les vaccins

Certains de ces rendez-vous seront l’occasion d’administrer les différents vaccins obligatoires pour les enfants français. Rien à prévoir de ton côté, le pédiatre y pensera pour toi et te donnera en temps voulu l’ordonnance pour acheter le vaccin programmé au rendez-vous d’après.

Si tu as un des doutes sur cette histoire de vaccins (avec tout ce qu’on entend sur internet, tu as le droit), sache que :

1.3 Et l’ostéopathie ?

Pas de recommandation de l’OMS ni de la Sécurité Sociale en ce qui concerne l’organisation d’une visite chez l’ostéopathe pour ton bébé, puisque cela relève d’une approche thérapeutique « non conventionnelle ». Mais si tu y crois pour toi, cela vaut sûrement le coup de l’envisager pour ton bébé.

Comme l’explique le site de l’organisation professionnelle des Ostéopathes de France, l’accouchement est un moment physiquement particulièrement traumatisant pour le bébé. Crâne déformé, dissymétrie musculaires et autres joyeusetés n’aident pas l’enfant à bien dormir et bien manger. On peut attendre que ça se remette en place tout seul, ou accélérer le processus grâce aux manipulations d’un ostéopathe habitué à travailler sur des bébés. C’est vous qui voyez.

2. Prendre rendez-vous comme un pro

1.1 Choisir un(e) pédiatre

Le pédiatre est un médecin spécialiste du développement et des pathologies des « enfants », de 0 à 18 ans (l’équipement des salles d’attente des pédiatres laisse quand même supposer qu’ils se concentrent en général sur les plus jeunes patients. Pas de PS4 à proximité). Mais un médecin généraliste sera aussi en mesure d’assurer les visites régulières et les consultations pour maladie de ton bébé.

Pour choisir le médecin de ton bébé, le mieux, comme souvent, est de demander des recommandations à des parents qui vivent près de chez toi. Si tu n’as pas de conseil à disposition, il y a toujours les annuaires ou Doctolib (pratique de pouvoir gérer les rendez-vous en ligne et à n’importe quelle heure).

Si tu n’es pas à l’aise avec un premier médecin testé, n’hésite pas à en changer. Il est bien sûr préférable qu’un même praticien puisse suivre le développement d’un enfant donné. Mais il est encore plus important que tu sois en confiance avec la personne dans les mains de qui tu places la santé de ton bébé.

1.2 Le timing parfait

Un rendez-vous mal calé peut perturber la journée bien cadencée d’un bébé. La règle est simple : s’assurer que le rendez-vous, trajet compris, ne tombe pas pile à l’heure d’une sieste ou d’un repas.

Pour ce qui est de ton agenda à toi, si tu es salarié du lundi au vendredi, bon courage pour trouver un rendez-vous un samedi. Tu peux peut-être réussir à trouver un créneau le matin tôt ou en fin d’après-midi qui convienne à tout le monde. Sinon, tu es bon pour poser un RTT : les visites médicales de contrôle ne semblent pas permettre de bénéficier du congé enfant malade (variable selon les conventions).

3. Bien gérer le jour J

Maintenant que tu as pris le bon rendez-vous, chez le bon médecin, à la bonne heure, il va s’agir de ne pas se planter.

3.1 Arriver équipé

Il te faudra, dans le sac à langer :

  • Le carnet de santé du bon bébé (toujours vérifier avant de partir quand on a plusieurs enfants)
  • Ta carte vitale à jour, avec l’enfant enregistré. Au pire, la carte vitale de l’autre parent, avec l’enfant enregistré. Ce n’est pas très compliqué d’associer ton enfant à ton compte de Sécurité Sociale sur Ameli.fr, tant qu’il a moins de 6 mois. Après, on ne sait pas, ils ne disent pas (note de l’auteur : quand j’aurai résolu le problème pour moi, je te dirai…)
  • Quelques couches de rechange. Comme d’habitude tu vas dire, mais là c’est sûr que le pédiatre va te la faire enlever. Pas chic de devoir remettre une couche sale
  • De quoi manger et boire, même s’il n’y a pas de repas prévu dans le créneau. Ça peut aider à patienter
  • La liste des questions de l’autre parent. Sinon, tu vas te retrouver embarqué dans le feu de l’action. Calmer des pleurs. Déshabiller. Tenir. Rhabiller. Tout ça en répondant aux questions du pédiatre. Et tu vas oublier d’aborder les sujets « dont vous aviez pourtant parlé » !

3.2 Prendre des notes

Dans le même ordre d’idée que « venir avec la liste des questions de l’autre parent », n’hésite pas à noter les différents points abordés pendant la visite. C’est important de faire un compte rendu détaillé de la visite à l’autre parent. Technique complémentaire : l’appeler dès la sortie du rendez-vous pour être sûr de ne pas oublier d’en discuter.

En parlant de notes, range précieusement les ordonnances éventuelles. Surtout si c’est pour un vaccin à faire dans 6 mois. Ce serait dommage de gâcher une visite si bien gérée en te retrouvant à avouer la veille du prochain rendez-vous : « en fait, j’ai paumé l’ordonnance. On va devoir y retourner 😬 ».

*Si tu as des chiffres sur ce sujet, n’hésite pas à nous faire signe

**Dans son guide « J’accompagne les premiers pas de mon enfant » l’Assurance Maladie recommande de consulter rapidement un médecin : si la fièvre persiste plus de 48h (et dès le début s’il a moins de trois mois), s’il est moins actif que d’habitude, s’il refuse de s’alimenter, s’il est très essoufflé ou tousse beaucoup, s’il présente des modifications au niveau de sa peau (changement de coloration, boutons), s’il a des pleurs intenses et inexpliqués, s’il vomit ou a la diarrhée.

Photo : Josh Willink