Le test du paternel : comment le cinéma représente-t-il la paternité ?

Pas le temps de lire ? On expérimente une mesure de la représentation des pères impliqués au cinéma. Ça s’appelle le test du paternel, c’est un score de 0 à 3 (ou HS, pour Hors Sujet) et ça se passe comme ça :

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Tu t’es vu au cinéma ?

80% des hommes de la génération Y considèrent le partage des tâches domestiques comme une évidence. Et 60% des pères de la même génération estiment être impliqués à égalité dans les tâches parentales.

Même si cette nouvelle perception n’est pas toujours suivie d’effets (les femmes assurent encore 70% des tâches domestiques), il est clair que la majorité des papas de la nouvelle génération ne se reconnaît plus dans le stéréotype du père détaché et maladroit qui a longtemps fait recette.

Quel rôle le cinéma joue-t-il dans cette évolution ? Accompagne-t-il l’émergence d’une nouvelle représentation collective de la paternité ? Ou ajoute-t-il son lot de clichés au parcours d’obstacles qui font retomber les jeunes parents vers la répartition traditionnelle des responsabilité du foyer (i.e. papa rapporte l’argent et maman prend soin) ?

Ça dépend, forcément

On ne peut pas réduire la diversité de l’expression cinématographique internationale à une moyenne. Il y a forcément de très beaux films qui montrent des pères impliqués et compétents. Et des films plus oubliables qui véhiculent des stéréotypes éculés sur les pères (et les mères). Mais aussi des chefs-d’oeuvre qui montrent des pères à l’ancienne, et des navets qui ont tout bon sur la représentation du père moderne.

Alors sur quels critères objectifs pourrait-on se baser pour évaluer l’évolution de la représentation des pères impliqués et compétents dans le cinéma au fil des années ?

Inspiration : le test de Bechdel

Le test de Bechdel, popularisé en 1985 par l’autrice de BD du même nom, explore une problématique similaire : les femmes sont-elles sous-représentées au cinéma (et dans la littérature) ?

Il permet de « noter » une oeuvre de 0 à 3 selon 3 critères simples :

  1. Y’a-t-il au moins 2 personnages féminins qui ont un nom ?
  2. Ont-elle une conversation entre elles ?
  3. Parlent-elles d’autre chose que d’un homme ?

Un score purement factuel donc, qui mesure la représentation effective de personnages féminins autonomes, sans préjuger de la manière dont elles sont présentées. Un film féministe dans son message pourrait obtenir 0/3. Un film dégradant pour l’image de la femme pourrait obtenir 3/3.

Mais, au fil du temps, on peut en agrégeant les résultats au test de Bechdel constater que les choses progressent plutôt dans le bon sens pour ce qui est de la représentation des femmes au cinéma :

On voit bien sur ce magnifique graphique que la zone verte (pourcentages de films qui obtiennent 3/3 au test) prend de plus en plus de place.

Résultat : le test du paternel

Dans une passionnante boucle Whatsapp réunissant diver•es passionné•es de l’allongement du congé paternité est née l’idée un peu folle de créer un test similaire au test de Bechdel pour mesurer la représentation des pères impliqués dans le cinéma.

Après d’intenses (et drôles) discussions, voici donc les critères du « test du paternel » co-conçu par Le Paternel, Parents & Féministes et Charge Mentale Pédiatrie :

  • Y’a-t-il des personnages de parents dans ce film ? (sinon, la note est « HS » pour « Hors Sujet »)
  • 👨‍👧‍👦 Voit-on un père en train de s’occuper de son enfant ? (+1)
  • 💬 A-t-il une conversation avec son enfant sans mention de la mère ? (+1)
  • 🧽 Accomplit-il une tâche domestique sans que cela semble inhabituel ? (+1)

Le critère de démarrage permet d’identifier les films qui évoquent le sujet de la parentalité. C’est dans ce groupe de film que la question de la représentation des pères est intéressante.

Parmi les films qui montrent des parents, un film obtiendra 1/3 si l’on y voit au moins un père en train de s’occuper de ses enfants. Si un père démontre un engagement relationnel autonome avec ses enfants par une conversation où il n’est pas fait mention de la mère, on passe à 2/3. Si enfin le père est montré en train de réaliser une tâche parentale (donner le bain, préparer à manger, etc.) ou ménagère (faire la vaisselle, passer l’aspirateur, etc.) sans que cela soit présenté comme un événement exceptionnel, on passe à la note maximale de 3/3 !

C’est une expérience. Et pour la mener à bien, on a besoin de toi ! Aide-nous à évaluer un maximum de films en participant à la conversation sur Twitter ou en testant directement en ligne les films que tu as bien en mémoire.

À quoi ressemblera notre graphique ? On a hâte de voir ça !

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