Elon Musk ne prédit pas l’avenir, il l’invente. Puis il le construit.
Qu’on apprécie ou pas le personnage, on ne peut pas nier qu’il se donne à fond pour résoudre quelques défis majeurs de l’humanité : de l’épuisement des énergies fossiles aux dangers de l’intelligence artificielle, en passant par la création d’une sauvegarde de la race humaine sur une autre planète, au cas où. Tout ça sans oublier de gérer le problème des bouchons dans les agglomérations.
Il est plus que probable que le monde dans lequel nos enfants seront adultes sera influencé par ce sur quoi Elon Musk travaille aujourd’hui. On a donc fait le point sur ses chantiers du moment pour déterminer 5 choses auxquelles tu peux préparer tes enfants, dès maintenant.
1. Leur expliquer qu’ils ne conduiront sans doute jamais
Oui. Vroum vroum. On tourne le volant. Génial. Les petits enfants adorent les grosses voitures. Mais soyons clairs : si Elon Musk (et/ou de nombreux autres industriels travaillant sur les véhicules autonomes) arrive à ses fins, qui est-ce qui conduira les voitures ? Personne. Elles se conduiront toutes seules.
Musk prédit que, quand le pilote automatique sera statistiquement 10 fois plus sûr qu’un conducteur humain moyen, il deviendra la norme. D’ailleurs, qui est déjà 10 fois moins sûr qu’un conducteur humain normal ? Un conducteur humain bourré. Et qui n’a pas le droit de conduire, du tout ? Chacun tirera ses conclusions.
Je pense pour ma part que nos enfants auront autant le droit de conduire en ville et sur l’autoroute que l’on a, nous, le droit de faire du cheval sur le périphérique parisien.
Alors autant commencer à expliquer à tes enfants que, finalement, peut-être pas vroum vroum. Plus de volant. Comme quand on se promène dans l’appartement assis sur un aspirateur autonome.
Tu vois ? Il conduit très bien le Roomba.Autre méthode pour lui suggérer plus en douceur que les voitures se pilotent assez bien sans pilote : Hot Wheels AI. Des voitures télécommandées qui utilisent l’intelligence artificielle pour aider à rester sur le circuit, voire pour servir d’adversaire quand on joue tout seul.
Tu as parfaitement le droit de les vouloir aussi. Qui a dit qu’on n’avait pas le droit d’influencer une lettre au Père Noël ?
2. Les habituer à produire leur propre électricité
Les véhicules Tesla (la marque de voitures d’Elon Musk, pour ceux qui auraient passé les 10 dernières années le nez dans le guidon), avant de se passer de conducteur, se passent surtout de pétrole, grâce à leurs moteurs électriques.
Cependant, pour réduire notre dépendance aux énergie fossiles et l’empreinte carbone de nos déplacements, rouler à l’électricité ne suffit pas. Il faut aussi faire en sorte que l’électricité que nous consommons soit produite proprement. C’est dans ce but que Tesla ne produit pas seulement des véhicules, mais aussi des tuiles photovoltaïques (qui transforment un toit normal en panneau solaire géant) et des piles rechargeables géantes (pour emmagasiner du courant, et passer la nuit, ou les jours de pluie).
Au fur et à mesure que ces technologies de production et de stockage de l’électricité se perfectionneront, il deviendra de plus en plus facile, voire souhaitable, de vivre « Off the grid », déconnecté du réseau. Mais avec tout le confort moderne, et une Tesla.
Off the grid. Pas forcément un concept facile à comprendre, au-delà de la barrière de la langue, pour tes enfants qui ne connaissent que le réseau. Pour l’eau, pour l’électricité, pour le gaz, et même pour les dessins animés, regardés en streaming plutôt qu’en « DVD ».
Pour leur faire prendre conscience du coût réel en énergie de l’électricité, et les convaincre de l’économiser, le mieux est peut-être de leur faire fabriquer ? Ce ballon est aussi la batterie rechargeable d’une ampoule. On le recharge en tapant dedans.
Plus de lumière pour finir ton livre ? Fallait taper plus fort sur le terrain. Malheureusement la production de ce bel objet éducatif (et d’une corde à sauter au fonctionnement similaire) semble avoir été abandonnée.
Bonus - Extrait muské du livre Préparons nos enfants à demain de Matthieu Chereau : « Elon Musk parle bien moins de ses enfants. Pourtant, il n’est pas en reste concernant leur éducation. Qu’a-t-il décidé de faire en la matière vous demandez-vous ? De créer sa propre école bien entendu. Pour ses enfants et ceux des quelques dizaines d’employés de SpaceX. Comment l’a-t-il appelée ? Ad Astra : vers les étoiles. What else ? Pour monter cette école, développer les outils pédagogiques et mener ses expériences, Elon Musk est allé chercher Joshua Dahn, un enseignant spécialisé dans les élèves surdoués. Ce dernier a une manière bien à lui d’aborder les questions éthiques avec les enfants, en leur proposant de participer à des jeux de rôles. Prenons un exemple : les enfants habitent un village au bord d’un lac. Dans ce village, la majorité des habitants sont employés dans une usine. Le problème est que cette dernière pollue le lac et y tue peu à peu toute forme de vie. Que les enfants peuvent-ils faire ? Fermer l’usine revient à mettre la plupart des habitants au chômage. Ne pas le faire revient à condamner le lac, à côté duquel vivent les habitants. Ce type de mise en situation permet de confronter les enfants à des problèmes réalistes, où aucun choix n’est évident et où pourtant l’un d’entre eux s’impose. En se confrontant à des situations réelles ou réalistes, les enfants agissent déjà en citoyens. »
3. Les entraîner aux accélérations et aux espaces confinés
Elon Musk a manifestement une passion pour tout ce qui accélère très fort, et pour les tunnels. Premièrement, avec Space X, il fabrique des fusées. Et pas « seulement » des fusées pour aller dans l’espace. Non, il prévoit aussi de révolutionner les déplacements intercontinentaux avec la BFR, pour « Big Fucking Rocket », autrement dit « Putain de Grosse Fusée ». Moins de 30 minutes de vol… Mais 3 jours pour s’en remettre ?
Ensuite, à ces heures perdues, il propose au monde l’Hyperloop, un concept de train électromagnétique dans des tubes sous vide, pouvant atteindre la vitesse du son.

Enfin, coincé dans les bouchons de Los Angeles, il imagine et lance une sorte de métro urbain pour les voiture : The Boring Company.
Pour profiter de tout ça, tes enfant devront avoir l’estomac bien accroché, et surtout pas de tendance à la claustrophobie. Ça tombe bien, on trouve un peu partout l’équivalent de centres d’entraînement de cosmonautes, mais pour enfants. Cela s’appelle des aires de jeu.
Entre les balançoires, les tourniquets plus ou moins gerbants, les obstacles variés et les cachettes confinées, même pas besoin de Space Mountain pour s’initier aux sensations fortes du monde d’Elon. Cela dit, les parcs d’attraction sont un excellent entraînement aussi.
4. Les initier au contrôle des ordinateurs par la pensée
S’il y a bien une chose qui fait peur à Elon Musk, c’est l’Intelligence Artificielle. Manifestement traumatisé par Matrix (le 1 bien sûr, le 2 et le 3 sont traumatisants pour d’autres raisons) il ne cesse de mettre en garde contre les progrès rapides et incontrôlés de l’IA, plus susceptible selon lui d’entraîner la destruction de l’humanité que les armes nucléaires.
Sa solution pour éviter que l’humain ne se fasse distancer par l’Intelligence Artificielle : créer les conditions d’une symbiose entre notre cerveaux et les algorithmes d’intelligence artificielle. Autrement dit, « If you can’t beat’em, join’em » (« Si tu ne peux pas les battre, deviens leur allié »).
Il a donc créé la startup Neuralink, qui a levé 28 millions de dollars pour développer une interface cerveau-machine haut débit. Pour Elon, à partir d’un certain niveau de connexion directe entre nos cerveaux et les ordinateurs, nous serons non seulement en mesure de rivaliser avec l’IA, mais nous pourrons aussi accéder à une « vie » (au moins un esprit) de silicone potentiellement éternelle. Sauf s’il n’y a plus de courant. On comprend mieux son obsession pour l’énergie solaire et les batteries.
Elon Musk a récemment laissé entendre que Neuralink serait bientôt en mesure d’annoncer des progrès considérables par rapport à l’état de l’art actuel des interfaces cerveau-machine. Et l’on est en réalité par encore très avancé sur ce sujet :
- L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) cérébral est utilisé dans de nombreuses études scientifiques. Il permet d’identifier les zones du cerveau qui s’activent dans une situation donnée. Mais l’IRM implique de rester immobile dans une grosse machine à aimants dans laquelle il n’est pas forcément recommandé de rester trop longtemps. Et sa précision laisse à désirer. Pas idéal pour ordonner par la pensée à sa voiture d’aller à la boulangerie.
- L’électroencéphalographie (EEG) « portable » a bien progressé dernièrement. Le bandeau Dreem par exemple est suffisamment peu intrusif pour être porté la nuit. Il permet de mesurer l’activité cérébrale nocturne de son porteur, pour l’aider à améliorer son sommeil. Quid de sa précision ? L’EEG mesure l’activité électrique à la surface du cerveau. C’est un peu comme essayer de suivre un match de football en écoutant le bruit depuis l’extérieur d’un stade (sans commentateur). On peut deviner quand ça s’excite, mais pas facile de savoir qui a marqué.
- Enfin, les expériences les plus probantes en terme de communication cerveau-machine se basent sur l’implantation d’électrode directement DANS le cerveau. Outre le fait que l’idée de se faire ouvrir le cerveau n’est pas des plus attractives, cette technologie a une « couverture » limitée de l’activité cérébrale. C’est un peu comme explorer l’océan via les yeux d’un unique poisson.
Est-ce que Neuralink va nous présenter des améliorations en terme de facilité d’utilisation, de précision de des signaux mesurée, ou de proportion de l’activité cérébrale analysée ?
On a hâte de voir ça, mais tu peux d’ici là initier tes enfants à l’idée de contrôler un ordinateur par la pensée en leur montrant déjà tout ce qu’ils peuvent faire avec… leur voix. Comme bon exemple pour illustrer la symbiose entre le corps et les machines, il y a la Skill Alexa « Bruits de pets ». Le résultat est sans surprise. En tout cas, ça fait rigoler les enfants.
5. Les préparer à déménager TRÈS loin (et toi aussi)
Fabriquer des voitures propulsées à l’énergie solaire et commandées par la pensée, c’est un bon passe-temps, mais le vrai projet d’Elon Musk, c’est d’installer une colonie humaine sur Mars.
Le premier vol habité d’une fusée de Space X pour Mars est programmé pour 2024. Elon Musk est connu pour fixer des agendas « ambitieux », et ce décollage historique aura peut-être lieu quelques années plus tard. Mais il y a quand même de bonnes chances pour que nos bébés actuels soient encore de petits enfants quand un premier groupe d’humains s’installera sur Mars.
Quand ils seront de jeunes adultes, peut-être que « partir sur Mars » sera le nouveau « créer sa startup ». Les vingtenaires hésiteront alors entre s’endetter pour se payer des études, ou un billet pour Musk Base, Mars. Elon lui-même affirme vouloir mourir sur Mars, « si possible pas à l’atterrissage ». Et oui, là-bas, tout est neuf et tout est sauvage…
Le voyage pour Mars durerait au minimum 6 mois. Et les communications, probablement rares et coûteuses, mettraient 20 minutes à parcourir l’espace entre Mars et la Terre. On serait donc forcés de redécouvrir le principe de « vraie » distance, que l’on a un peu oublié avec l’essor de Facebook. Avant, pour un déménagement, un changement d’école, on pouvait se « perdre de vue ». Désormais, on maintient l’illusion de connexions gardées. On voit quelques photos, on like, mais est-ce que l’on se connaît ?
Pour se préparer à partir sur Mars, peut-être que le plus important est d’apprendre à chérir et à cultiver de vraies relations, à distance ou à proximité.
Crédit photo : Studio 7042