Changer les couches, BIEN SÛR, mais jusqu’à quand ?

papa-changer-une-couche-2

À quel âge commencer l’apprentissage de la propreté ? Le résumé :

  • De 0 à 12 mois : jamais de couche = jamais de problème. On applique à cet âge une méthode appelée « hygiène naturelle infantile », courante dans certains pays d’Asie et d’Afrique. Elle exige une disponibilité sans faille, et une énorme capacité à faire fi du regard des autres dans les sociétés où elle n’est pas la norme.
  • De 12 à 18 mois : la no-go-zone de l’apprentissage de la propreté. La communication avec ton bébé est encore très sommaire ET l’enfant préfère largement marcher que s’asseoir sur un pot. Une période que l’on consacrera plutôt à préparer l’étape d’après.
  • De 18 à 30 mois : le bon moment si l’enfant est en bonne santé, coopératif et pas stresséIl est temps de choisir ta méthode d’apprentissage de la propreté. La règle d’or : « pas de punition ».
  • À plus de 30 mois : On ne te met pas la pression, mais n’attends pas que quelqu’un d’autre te la mette. Il n’y a pas de risque particulier à commencer tard, mais il est préférable de conserver la maîtrise de l’agenda.

 


 

Changer les couches d’un nouveau né, c’est presque mignon

On manipule l’enfant délicatement. On fait attention à ne pas irriter sa peau toute fraîche. Et puis le CACA* des premiers jours n’est pas du vrai caca. C’est du méconium. Ça sonne radioactif, mais ça ne l’est pas. Et ça ne pue même pas.

Sans dessiner ici la frise des cacas à travers les âges, rappelons simplement que, à l’inverse d’un bon vin, ça ne se bonifie pas en vieillissant. Déjà, la diversification alimentaire te met un coup au moral (« Oh, il a mangé du brocoli »). Et puis, comme les préservatifs, les couches ne sont pas fiables à 100% (« Ah, il y a en a dans le cou aussi ! »). Alors quand, en plus, la petite personne dont tu changes la couche devient capable de commenter l’opération en live, tu es en droit de te demander : « Quand est-ce que ça s’arrête ? »

*Désolé pour le langage cru, mais on n’arrivera pas au bout d’un article sur les couches en faisant la fine bouche.


Dans le monde, certains parents disent adieu aux couches dès les premiers mois. D’autres font durer le plaisir jusqu’à 4 ans et plus. Alors voyons ce que la science et les experts nous apprennent sur l’apprentissage de la propreté aux différentes périodes de la vie d’un bébé.

Un petit bébé (0-12 mois) peut-il être propre ?

En Inde, en Chine, en Asie du Sud-Est et en Afrique de l’Est, il est courant de commencer l’apprentissage de la propreté dès les premiers mois de la vie. Cet exercice sans filet (cul nu quoi) exige une immense disponibilité : il s’agit d’apprendre à repérer les signaux annonciateurs des besoins et de placer à temps le bébé au-dessus d’un récipient ou terrain approprié.

Pendant que l’enfant fait ce qu’il a faire, le parent émet un son particulier (au Vietnam, un sifflement). Ainsi, progressivement, l’enfant s’habitue à se retenir un court instant, et à se lancer « sur demande » en entendant le son particulier. Moralité : merci de ne pas siffloter gaiement aux abords d’une crèche vietnamienne.

Évidemment, le bébé entraîné selon cette méthode ne sera pas plus capable qu’un autre d’exprimer son besoin d’aller aux toilettes, et encore moins d’y aller par ses propres moyens. Il devra donc être constamment surveillé. Mais cela ne décourage pas certaines familles occidentales de se lancer dans l’aventure, appelée en français « hygiène naturelle infantile ». Il faut dire que les bénéfices sont nombreux :

  • Pas de couche à acheter : grosse économie d’argent
  • Pas de couche à jeter ou à nettoyer : grosse économies de déchets et d’énergie
  • Pas de désagréments liés au port la couche : économie d’irritations, voire d’infections
  • Pas de difficulté de transition vers les toilettes normales : économie de prise de tête (mais au prix, rappelons-le, d’une immense galère jusqu’à ce que l’enfant sache marcher et prendre des décisions environ cohérentes)

Quand il préfère gambader (12-18 mois) que s’entraîner à la propreté

En Europe et aux États-Unis, on a longtemps considéré qu’à partir du moment où un bébé savait marcher, entre 12 et 18 mois donc, il était temps pour lui d’aller faire ses petites et grosses affaires dans un pot.

Il faut dire que, jusqu’à l’invention de la couche jetable et du marketing associé, les couches étaient du genre « chiffon enrobant les fesses du bébé et fixé avec une épingle à nourrice », ce qui n’encourageait pas un usage prolongé. Ni pour les parents, qui les nettoyaient. Ni pour les bébés, qui n’avaient pas les fesses « au sec, roses et douces » que le progrès technologique nous a apporté (à quel coût en produit chimique ? On aura l’occasion d’en reparler !).

Pourtant, il a été démontré que les enfants de cette tranche d’âge étaient à la fois trop petits pour comprendre ce titanesque changement d’habitude, et trop grands pour tolérer de rester assis sur un pot sans broncher.

On préfèrera donc pendant cette période poser les fondations de l’étape suivante :

  • En montrant l’exemple. Tu es la plus grande source d’inspiration de ton enfant. En te regardant, il apprend à marcher, à taper dans un ballon, à fixer un écran pendant des heures et… à faire caca ! Désolé. Tu peux dire au revoir à ton dernier havre de paix.
  • En expliquant. Toutes les occasions sont bonnes pour raconter un chapitre de la merveilleuse histoire des déjections humaines. Il fronce les yeux et devient rouge ? « Oh tu es en train de pousser à l’extérieur de ton corps la nourriture que tu a digérée dans ton ventre ».

Entraîner un presque petit enfant (18-30 mois) à la propreté

Dans cette tranche d’âge, l’enfant devient habitué à la marche, et il ne ressent plus le besoin de trottiner en permanence. On ne fait pas encore de café philo dans sa chambre, mais les dînettes sont plus organisées. C’est le bon moment pour se plonger dans la propreté, si toutefois les conditions suivantes sont réunies :

  • Bonne santé. La diarrhée, par exemple, ne facilite pas l’apprentissage de la propreté.
  • Pas de stress important. L’abandon de la couche est très stressant pour l’enfant. Mieux vaut ne pas l’additionner à un autre facteur de stress, comme un déménagement, l’arrivée d’un nouveau bébé, etc.
  • Comportement coopératif. Si l’enfant est dans une phase de rébellion, il est préférable d’attendre que ça passe avant de lui donner accès à des projectiles fécaux.

Il existe une variété de méthodes d’apprentissage. J’ai personnellement expérimenté avec succès celle de l’experte en potologie Jamie Glowacki, telle que décrite dans son livre « Oh Crap Potty Training » (non disponible en français, nous en publierons une synthèse à l’occasion). À retenir pour ton choix de méthode : il est scientifiquement prouvé que l’usage de punitions ne fait que prolonger les difficultés éventuellement rencontrées. Mais bon, tu t’en doutais.

Dans les faits, pour devenir « propre », l’enfant développe 3 compétences (dans le désordre, et souvent par paliers) :

  • Acquisition de la continence. L’enfant prend conscience des muscles responsables de l’expulsion de tout ça et apprend à les contrôler pour se retenir, mais aussi pour s’assurer que tout est vidé.
  • Abandon de l’objet couche, qu’ils sont habitués à porter depuis leur naissance. Le jour d’abord, puis au lit.
  • Maîtrise des réceptacles et accessoires variés. En général, on débute tout nu sur le pot, et l’on teste rapidement le pied des arbres et le caniveau. Si c’est un garçon, tu auras bientôt un nouveau coupable à désigner en réponse à la question « qui a laissé la cuvette des WC levée !? ».

Il a plus de 30 mois et on n’a pas commencé ! C’est grave ?

Pas de panique. Il n’y a pas de risque avéré à commencer tardivement l’apprentissage de la propreté. Pas de trouble comportemental à signaler. On peut signaler l’allongement mécanique de l’exposition à de potentielles infections liées au port de la couche ou au fait de ne pas vider complètement sa vessie. Rien d’alarmant.

Par contre, plus on attend et plus on se met en situation de devoir traiter le sujet en urgence (« la rentrée des classes est dans un mois ! ») ou en conjonction avec un autre événement stressant (« il vient d’avoir une petite soeur mais refuse de continuer à porter des couches ! »). En t’intéressant au sujet tôt, tu augmentes tes chances de commencer l’apprentissage dans les meilleures conditions possible.

Et puis, tu es quand même un peu pressé de sortir la tête des couches, non ?